Sunday, September 17, 2006

Nos vrais visages


Etre homosexuel-le, bisexuel-le, transsexuel-le, transgenre, intersexué-e et/ou une combinaison de toutes ces situations n’est qu’une forme comme une autre, peut-être un peu moins fréquente mais tout aussi normale et légitime que les autres, de la condition humaine. Il ne s’agit en aucune manière d’un trouble, ni d’un dysfonctionnement, ni d’une maladie mentale, ni d’une perversion, ni du résultat d’une éducation problématique, ni d’un péché, mais bien de l’expression du vrai visage d’une personne, d’un aspect d’elle qui constitue une richesse et d’un des traits les plus intimes et les plus essentiels de son identité. Alors pourquoi parler de de se faire aider ?

Article par Marie-Noëlle Baechler de l'OII-Suisse

Il se trouve que quand on nait et qu’on grandit dans un environnement qui nie ce vrai visage, qui refuse d’en reconnaître l’existence, qui fait tout pour le faire disparaître, qui le dénigre, qui le considère comme une maladie ou comme un dysfonctionnement, cela fait extrêmement mal et cela laisse des traces profondes et durables.

Pour pouvoir grandir harmonieusement, pour pouvoir développer une sécurité intérieure, un sentiment de complétude qui lui permet de découvrir les autres et d’entrer en relation de manière ajustée et en étant autonome, un enfant a besoin de se sentir confirmé affectivement par ses parents. Il a besoin de faire l’expérience de sa valeur avec eux. Il a aussi besoin de faire l’expérience de sa capacité à trouver son chemin et à faire face aux difficultés. Quand il ne peut pas faire ces expériences, il reste dépendant et cela rend la vie très difficile.

Voir ses parents, refuser de nous entendre quand on sent qu’on est différent, les voir réagir avec violence et constater qu’ils veulent nous forcer à nous comporter, à réagir, à vivre selon leurs normes, en niant qui nous sommes est tout le contraire de cette expérience de confirmation affective. Un enfant qui subit un tel traitement reçoit le message qu’il est fondamentalement mauvais, dysfonctionnel et indigne de vivre. Et quand on est enfant (ou même ado) et dépendant, c’est extrêmement difficile de résister à un tel message et de se révolter contre ses parents.

De plus, ce message ne s’arrête pas à la porte de la maison. Il est repris tout aussi fortement à l’école, dans la rue, dans les médias. Quant au soi-disant spécialistes de la santé mantale et de la relation d’aide, ils sont également nombreux à ne pas hésiter à étaler leur homophobie et leur transphobie.

Quand on est né et qu’on a grandi dans une telle ambiance, il arrive souvent qu’on soit triste, retiré, dépressif, qu’on ne puisse pas se joindre aux autres, qu’on doute tellement de soi et de sa valeur qu’on ait du mal à pouvoir entreprendre des choses, qu’il soit difficile d’aborder autrui et de se lancer dans une relation amoureuse avec quelqu’un qu’on aime. Certaines personnes en viennent à utiliser différents produits pour ne plus sentir en permanence leur douleur intérieure. D’autres vont jusqu’à se suicider.

Si cela vous arrive, cela peut être utile que de vous faire accompagner par une personne aidante que vous choisirez. Le but de cet accompagnement ne doit pas être de vous normaliser, mais de vous aider à vous accepter tel-le que vous êtes et à intégrer votre différence comme une richesse. Un tel accompagnement peut aussi être pour vous l’occasion de faire enfin l’expérience que vous êtes une personne de valeur, que vous savez qui vous êtes, ce dont vous avez besoin et que vous avez les moyens de faire face aux difficultés qui se présentent à vous. Une telle expérience peut changer votre vie. Un accompagnement peut aussi vous aider à vivre avec les conséquences des maltraitances que vous avez subies, à vous permettre d’accueillir votre colère et votre révolte comme des sentiments importants et dignes de respect, et d’apprendre à vivre avec.

Ce n’est pas parce que vos parents ont été incapables de vous accepter que vous devez continuer à vivre dans la prison qu’ils ont construite pour vous enfermer et vous contrôler. Même si vous n’avez rien vu d’autre durant votre enfance, cela ne signifie pas que ce que vous avez subi est normal. Changer et se libérer de ce qu’on a subi demande du courage mais un grand nombre de personnes ont fait l’expérience que le chemin en vaut la peine.

Si vous sentez que vous avez besoin d’une aide de ce genre, il est essentiel que vous trouviez quelqu’un qui soit à votre service et pas à celui d’une idéologie, quelle qu’elle soit. Vous êtes en droit d’exiger le respect inconditionnel de votre identité, y compris en ce qui concerne votre homosexualité, de votre bisexualité, de votre transsexualité, de votre transgendérisme et/ou de votre intersexualité. Il s’agit d’un trait essentiel de votre vrai visage et vous n’avez aucune obligation de vous faire aider par une personne qui ne le comprend pas ainsi. Au contraire, vous avez la possibilité de chercher ailleurs une personne plus respectueuse. Vous êtes aussi en droit d’exiger d’être le capitaine de votre navire, de choisir les moyens, le rythme, l’approche qui vous va. Face à quelqu’un qui est incapable de vous accueillir tel que vous êtes, vous avez le droit de ne pas vous laisser embobiner par ses réactions. Vous êtes en droit d’aller voir ailleurs face à un thérapeute insatistaisant.

Si vous êtes mineurs, que vos parents refusent votre identité et qu’ils vous imposent un psy pour vous "normaliser", il est très important que vous sachiez que vous ne devez rien à cette personne, surtout pas la vérité quand cette dernière sera utilisée pour vous manipuler, vous déstabiliser, vous soumettre et vous démolir. Si vous êtes face à une situation pareille et que vous vous retrouvez face à un thérapeute non respectueux, il ne faut surtout pas hésiter à prendre tous les moyens nécessaires pour vous protéger. Vous n’avez pas d’obligation face à quelqu’un qui ne respecte pas votre vrai visage et qui agit contrairement à l’éthique et au respect des personnes. Et si vous avez du mal à faire face seul, il sera peut-être utile de chercher de l’aide auprès d’une association LGBTI.

Si vous souhaitez vous faire aider et que vous devez chercher une personne aidante, éviter les personnes provenant d’écoles manifestement non respectueuses de votre différence peut vous aider à limiter les risques d’accompagnement inapproprié. Par exemple, cela fait maintenant 30 ans que l’homosexualité a été retirée du manuel standard de diagnostic en psychiatrie. Mais nombre de psychiatres et une majorité de psychanalystes disent ouvertement leur désaccord avec cette décision. Le savoir peut vous être utile à trouver la bonne personne pour vous. Un autre article de ce site tente de lister les approches où on a plus de chances de trouver une personne respecteueuse. Un autre encore donne quelques pistes pour la sélection de la bonne personne.

Si vous êtes transsexuel-le ou transgenres et que vous envisagez de vous lancer dans votre transition, vous avez normalement besoin de la recommandation d’un psychiatre pour pouvoir bénéficier d’un traitement hormonal et d’une opération de réattribution de sexe. Il est actuellement difficile de trouver des psychiatres qui soient d’accord de faire un tel accompagnement et le moins que l’on puisse dire est que tous n’ont pas encore intégré que la transsexualité ou l’identité transgenre d’une personne n’est pas une pathologie mais l’expression de son vrai visage. D’ailleurs l’opération de réattribution de sexe n’est habituellement autorisée que suite à un diagnostic psychiatrique. Dans ces conditions, il peut être utile de travailler en parallèle avec un autre thérapeute qui soit à votre service et qui soit respectueux de votre identité.


Thursday, September 14, 2006

Faire face aux fondamentalistes de tous bords


Ecrit par Marie-Noëlle Baechler
07-05-2006

Vrais Visages

En ces temps où le PACS se généralise dans les pays occidentaux et où même les questions de mariage, d'homoparentalité et d'adoption sont abordées de manière de plus en plus pragmatique et respectueuse, on pourrait imaginer que l'homophobie et la transphobie sont en train de s'estomper doucement. Hélas, il n'en n'est rien.

Ces derniers mois, les agressions à l'encontre des personnes de la mouvance LGBTI ont plutôt eu tendance à s'accroître et parfois fortement. En France, des associations ont décidé de créer une cellule de crise pour observer la situation [1]. Un rapport d'Amnesty International [2] concernant les agressions provenant des membres des forces de l'ordre aux Etats-Unis démontrent que la situation est loin de se calmer. Ce printemps, l'ILGA a fait un constat semblable. Les procès engagés à la suite de ces violences font également apparaître de nouveaux phénomènes, On constate que, même face à une cour de justice, les agresseurs ne font preuve d'aucun repentir et considère leurs actes comme parfaitement légitimes, et les personnes LGBTI comme des "cibles légitimes". Il vont même jusqu'à accuser leurs victimes d'avoir provoqué leur violence en raison même de leur différence. Un récent procès à Marseille, suite à l'agression d'un Gay en est une bonne illustration [3]. Aux Etats-Unis, ce genre de tactique a maintenant un nom, "gay panic", et les avocats et les collaborateurs des ministères publics unissent leurs forces pour voir comment y faire face [4].

Selon différentes sources d'information sur le web, il semble également qu'il y ait un surcroît d'activité de la part des fondamentalistes de tout bord. Ces derniers essaient d'articuler leur action selon plusieurs axes. Il y a d'une part l'offensive "ex-gay" qui prétend que "les gays peuvent être guéris de leur perversion" [5]. Il y aussi une lutte contre les mouvements qui essaient d'établir une défense des droits humains des personnes de la mouvance LGBTI. Ces derniers osent prétendre que "la protection des droits humains des personnes de la mouvance LGBTI est une atteinte à leur liberté d'expression et à leurs propres droits" [6].

Pour lire la suite :
http://www.vrais-visages.net/spip.php?article55

Friday, September 01, 2006

Le respect intégral des droits humains des personnes intersexuées

Déclaration de l’OII – USA en faveur du respect intégral des droits humains des personnes intersexuées

OII – USA veut remercier Marie-Noëlle Baechler de l’OII - Suisse pour cette traduction
En raison de la division arbitraire des êtres humains en deux catégories légales, homme ou femme, les personnes intersexuées sont privées de l'un des droits humains les plus fondamentaux, celui de pouvoir vivre et de pouvoir être reconnues telles qu'elles sont, c'est à dire en tant que personne intersexuée. Le sexe des êtres vivants n'est pas binaire et les deux sexes, homme et femme, ne sont pas une description valide de la réalité biologique. En conséquence, nous n'aurons jamais de définition valide de ce que c'est que d'être un homme ou une femme parce que, dans ce contexte, il n'y a pas de manière d'établir une définition qui évite aux personnes intersexuées d'être mutilées, normalisées et insérées de forces dans l'une ou l'autre de ces catégories. De ce fait nous demandons que:

1) Aucune personne intersexuée ne se voie imposée une insertion arbitraire dans l'une de ces catégories, car cela nous prive de notre droit le plus fondamental en entérinant la normalisation de force et l'intolérance contre notre sexe naturel – intersexe.

2) Que, d'une part, le gouvernement cesse les assignations forcées et arbitraires à un système sexiste et binaire et qu’il permette à toutes les personnes de s'intégrer aux sexes auxquelles elles se sentent appartenir. Si non, nous demandons que les personnes intersexuées se voient garantir le même statut légal et les mêmes droits que ceux dont disposent les autres personnes dont le corps est celui d'un homme ou d'une femme standard. Nous demandons donc à ce que nous puissions nous faire légalement reconnaître comme étant intersexes, avec le droit pour les personnes qui auraient ce statut de se marier avec qui ils/elles souhaitent, de disposer d'une protection entière contre toute forme de harcèlement sexuel (ce dont les hommes et les femmes disposent déja) et de pouvoir vivre en assumant ouvertement et fièrement notre identité en ayant une reconnaissance légale et médicale de notre sexe. Comme certaines personnes intersexuées s'identifient en tant qu'homme ou en tant que femme, ces dernières ne doivent en aucune manière se voir forcées de changer leur statut légal, ce qui serait également une violation de leurs droits les plus fondamentaux.

3) Nous croyons que ce serait un plus pour l'ensemble de la société que de reconnaître l'existence de personnes intersexuées et pas seulement pour les personnes intersexuées elles-mêmes. En procédant de la sorte, de nombreux stéréotypes sexistes et d'autres normes totalement artificielles en matière de genre seraient ainsi remises en question.

4) Nous affirmons ouvertement que nous sommes fier-e-s d'être nous-mêmes et que nous exigeons qu'il soit mis fin au silence, à la honte et à la normalisation forcée et institutionnalisée à notre encontre qui a encore force de loi dans ce pays.

Cheap Patio Furniture